dimanche 19 avril 2009

Haïti/région des Gonaives: topographie des lieux

Cliquez sur le lien suivant pour accéder à l'image de la région des Gonaïves.
C'est impressionnant,... et inquiétant.
Il faut faire quelque chose, politiquement et techniquement pour protéger l'environnement et l'homme.

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http://jfjpm-genie-civil.blogspot.com/2009/04/haiti-topographie-de-la-region-des.html
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vendredi 17 avril 2009

HAÏTI EN PÉRIL (1ÈRE PARTIE) / Port-au-Prince : une bombe écologique

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Le bidonville de Jalousie à Pétion-Ville - Photo: Le Matin, 17 avril 2009
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Par Nancy Roc
Montréal, 7 avril 2009
À l’occasion de son anniversaire de son 102e anniversaire, Le Matin présente ce mois-ci deux cahiers spéciaux sur l’environnement, lesquels seront signés par notre collaboratrice Nancy Roc. Elle a séjourné en Haïti dans le cadre de son prix comme Lauréate de la Bourse Nord-Sud de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Elle en a profité pour visiter de nombreuses villes du pays. Selon Nancy Roc, « la plus grande menace qui pèse aujourd’hui sur Haïti est environnementale». Après avoir lancé plusieurs cris d’alarme sur les ondes lors de son passage, elle présentera, en exclusivité pour Le Matin, des reportages spéciaux sur Gonaïves, Pandiassou, Hinche, Port-au-Prince, Jérémie, Abricots, Marigot et Cabaret dans une série spéciale intitulée « Haïti en péril ». Le Matin est heureux de présenter, aujourd’hui, le premier cahier de sa collaboratrice sur l’environnement.
« Le problème de l’environnement est mon plus grand chagrin. Il se dégrade à vue d’œil à Port-au-Prince et même dans les provinces car la misère contribue aussi à sa dégradation.», dit John Chéry au volant de sa jeep secouée par les amas d’alluvions dans les rues de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Quinquagénaire, ce chroniqueur sportif s’est transformé depuis 18 mois en chroniqueur environnemental pour la plus ancienne station de radio privée d’Haïti : Radio Métropole. Sa rubrique quotidienne, « À travers les rues de la capitale », est très prisée et suivie par les autorités du pays. Levé dès 4h du matin, il parcourt les rues de Port-au-Prince pour un compte-rendu radiophonique très attendu, surtout en saison des pluies. Ce matin là, le 3 mars, des éboulements, des arbres arrachés, des tonnes d’alluvions entravent la circulation. La veille, une averse de 45 minutes a provoqué des dégâts considérables. Or la saison pluvieuse commence en avril. « On crie à la catastrophe quand elle arrive mais on ne fait rien pour la prévenir et je crains déjà la prochaine saison cyclonique », ajoute John.
Le survol de Port-au-Prince montre que ses craintes sont justifiées. La capitale haïtienne est une gigantesque toile de bidonvilles juchés sur des pentes montagneuses ou érigés au fond des ravins. Avant de construire, on coupe les arbres pour permettre au béton de régner en maître. Selon les chiffres de la Banque mondiale, Portau-Prince consommerait annuellement autour de 250.000 tonnes de charbon de bois traditionnel; ce qui entrainerait la coupe de 2,5 millions de tonnes d'arbres vivants et reproductifs sur tout le territoire d`Haïti. Sans politique de logement ni plan d’urbanisation, les autorités du pays laissent la population s’installer n’importe où, à n’importe quel prix. Résultat : à la moindre pluie, inondations et glissements de terrain entraî nent l’effondrement de nombreuses constructions anarchiques et des pertes en vies humaines. Les zones dites protégées n’y échappent pas. Ainsi, le versant sud du Morne Garnier, dernière réserve « protégée» de la capitale, a été rasé autant par des squatteurs que par des spoliateurs des propriétés privées et publiques. Un communiqué daté du 12 mars et signé par trois ministres, ceux de la Justice, de l’Environnement et de l’Intérieur, témoigne aussi de l’ampleur du problème. Selon ce communiqué, des notaires, arpenteurs, juges de paix, policiers, agents de la Direction générale des Impôts et des Collectivités territoriales participent à l’occupation illégale de propriétés publiques et privées bâties ou non bâties. Une grande mafia qui, dans un État failli, étend ses tentacules mortifères du Morne Garnier, au Morne l’Hôpital, au bidonville de Jalousie et aux carrières de sable de Laboule dans les hauteurs de Port-au-Prince.
Cette mafia est-elle sous les feux de la rampe ? C’est la question que se posent beaucoup d’Haïtiens, sceptiques, depuis le 27 mars. En effet, ce jour-là, l’État haïtien a commencé une opération de démolition de certaines propriétés située à l’est du Morne Garnier. « C’est une opération de démolition. L’État (,) a décidé de libérer cet espace stratégique de 2.000 hectares déclaré d’utilité publique depuis 1939 », confie l’ingénieur Ludner Remarais, directeur départemental de l’Ouest au ministère de l’Environnement et chef de l’opération. Il informe que le Morne Garnier sera confié au ministère de l’Environnement pour l’aménagement d’un parc naturel. Spoliateurs et squatteurs ont jusqu’au 8 avril pour vider les lieux mais les habitants de la capitale attendent de voir si cette opération ne versera pas, comme tant d’autres, dans la démagogie politique qui a conduit le pays au bord du gouffre.
L’explosion démographique, les constructions anarchiques et la dégradation de l’environnement rendent Haïti très vulnérable aux catastrophes naturelles. Et comme si cela ne suffisait pas, les prédictions de l’ingénieur Claude Prépetit, pour Haïti et Port-au-Prince en particulier, frisent l’apocalypse. Lors d’une présentation, le 26 mars dans un grand hôtel de la capitale, ce géologue a précisé qu’Haïti a déjà été victime d’un tremblement de terre destructeur au XVIe siècle. « On doit s’attendre à ce qu’il se reproduise dans le futur et à n’importe quel moment. De même qu’il y avait eu de grands dégâts à l’époque, on doit s’attendre au pire aujourd’hui en raison de notre condition environnementale alarmante », affirme-t-il en évoquant la possibilité que Port-au-Prince ou le Cap-Haïtien, deuxième ville du pays située dans le nord (d’Haïti), soient secouées par un séisme de 7,7 sur l’échelle de Richter. Haïti est traversé par deux failles. L’une au sud, partant de Pétion-Ville jusqu’à Tiburon et l’autre au nord allant de Cuba à la République dominicaine. Photos de gigantesques bidonvilles à l’appui, il a démontré l’extrême vulnérabilité de Port-au-Prince, devant un public frissonnant de peur : « Si nous n’arrêtons pas ces constructions, nous risquons de voir Port-au-Prince se transformer en un vaste cimetière », souligne-t-il. «Port-au-Prince peut être frappée à n’importe quel moment par un séisme ou un tsunami et dans l’état actuel de la capitale, nous ne pourrons même pas acheminer les secours nécessaires aux milliers de victimes », prévient-il.
Port-au-Prince est aujourd’hui une véritable bombe écologique. Pour le professeur Carlo Prévil, du Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, « il n’y a pas de vision, ni de plan ou stratégie environnementale en Haïti. Or, sans mesures structurelles, on criera toujours au feu ». Devant la complexité de l’absence de gestion environnementale en Haïti et à Port-au-Prince en particulier, et de ses conséquences, toute personne avisée en matière d’environnement ne peut que se remémorer cette citation du général Douglas MacArthur : « L’histoire des guerres perdues peut se résumer en deux mots : trop tard. Trop tard, pour comprendre les desseins mortels d’un ennemi en puissance ; trop tard, pour s’apercevoir du redoutable danger ; trop tard, pour se préparer ; trop tard, pour unir toutes les forces de résistance possibles ; trop tard pour rallier ses amis ».
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N.B : ce reportage a été rendu possible grâce à une Bourse Nord-Sud attribuée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et financée par l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Il a été publié sur Gaïapresse.ca:
//Gaïapresse, 15 avril 2009
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//La version postée ci-dessus provient du lien ci-dessous (journal Le Matin du 17 avril 2009):
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mardi 14 avril 2009

RECHO MIRAK , ACTIONS A ENTREPRENDRE

Mise à jour du 1er avril 2009
Par Gérard Tassy, ing.
Société pour le Reboisement d’Haïti(SRH)

I.- Introduction :

Tel que prévu, la journée de sensibilisation sur l'environnement organisée par Vision Citadelle, a eu lieu le samedi 21 mars 2009. Cette journée fut une grande réussite, très bien organisée, une assistance nombreuse et très intéressée. BRAVO.
Suite à la conférence sur le Recho Mirak, durant la période des questions, certaines personnes ont mentionné l'usage du kérosène, du GPL(Gaz de Pétrole Liquéfié), du four solaire pour arrêter le déboisement. Ce sont de très bonnes interventions et rien n'empêche l'usage du kérosène, du GPL, du four solaire. D'autant plus, un document daté de novembre 2006 et intitulé: "Programme de Réhabilitation de l'Environnement(PRE) propose le GPL comme alternative. Mais, comme d'habitude, faute de ressources financières, le PRE est classé et oublié dans les tiroirs. Dans ce cas, le Recho Mirak est un pas pour diminuer de 40% la quantité de charbon de bois, donc c'est mieux que rien...

II.- Actions à entreprendre:
  1. Acheter le recho mirak pour supporter et encourager les artisanshaïtiens et le Coopérative MIRAK.
  2. Projet pour subventionner le recho mirak en vue de d'augmenter laproduction et de diminuer le prix de vente.
  3. Mise en place d'une structure pour permettre aux personnes de ladiaspora haïtienne d'acheter le recho mirak pour leurs parents et/ou amis qui sont en haïti.
  4. Vision Citadelle compte faire la coordination de ce produit entre le Canadaet Haïti.

Pour entreprendre les actions mentionnées ci-dessus, considérons les modalités d'achat, c'est-à-dire les point 2 et 3:
- Le point no. 2, section préparation de projet: Vision Citadelle, Coopérative MIRAK, Ingénieur Bétonus Pierre, Consultant.


III.- Actions entreprises, 1er avril 2009, voir les points 1 et 2:

Point 1.-

Rencontre en Haïti: Tel que prévu, le mercredi 1er avril 2009, l’Ing.-Agr. Eddy Saint-Gilles, coordonnateur technique en Haïti de Vision Citadelle, a rencontré l’Ing. Bétonus Pierre, Consultant. Un compte rendu de la rencontre a été fait et envoyé à Vision Citadelle-Canada.

Compte rendu de la réunion organisée, en Haïti, le mercredi 1er avril 2009 :

J'ai rencontré finalement ce matin Ingénieur Pierre Bétonus à la suite d'un contact téléphonique. Les échanges ont été très intéressants.
Il y a plusieurs acteurs qui peuvent s'impliquer dans le projet "Recho Mirak" qu'on veut élaborer:
-Financeurs: Banque Mondiale (finance déjà un projet de ce genre), ACDI (appui supplémentaire);
-Mise en oeuvre: Coopérative MIRAK déjà existante.
-Suivi-évaluation: Vision Citadelle Haiti (recherche de fonds auprès de l'ACDI)
-Etc…

D'après l'ing. Pierre, il nous faudrait une subvention de 2 dollars US par recho pour concurrencer le recho traditionnel, sans oublier les frais de gestion pour payer un ou deux personnes techniques, pour l'acquisition d'un véhicule tout terrain devant assurer le transport. Mais l'idéal ce serait de subventionner à 3 Dollars US le recho mirak pour que ce soit fait sans grande difficulté.

Ing. Bétonus dans les jours à venir produira les grandes lignes de l'idée de projet.

Comme infos supplémentaires:
-le recho mirak se vend actuellement à 150 gdes
-le recho traditionnel se vend à 75 gdes

J'attends votre réponse en terme de proposition, suggestion,... afin de faire progresser le dossier le plus rapidement possible.

Eddy SAINT-GILLES, Ing.-Agr
Environnementaliste
Vision Citadelle Haiti
Tél: 38022180/ 34360794
eddysaintgilles@yahoo.fr

Note: Pour donner suite, Joseph-Maurice Chavannes, président de Vision Citadelle-Canada, prévoit aller en Haïti, vers la mi-avril 2009, entre autres, pour rencontrer les responsables du Recho Mirak, en vue de définir les modalités et les conditions du projet.


Point 2.-

Vision Citadelle a fait des démarches pour avoir le formulaire du FSV(Fonds du Secteur Volontaire de l’ACDI (Agence Canadienne de Développement International).
Ce document du FSV est envoyé aux personnes concernées. Voir attach. FSV lignes directrices et formulaire. Prendre connaissance du document du FSV en vue de la préparation du projet.


Point 3 .-

Achat du recho mirak par les personnes de la diasporahaïtienne pour leurs parents et/ou amis qui habitent en Haïti.Au Canada, pour commencer le point no. 3, au préalable, il faut deux réponses d'Haïti:Réponse no. 1.- Le prix de vente et les frais de livraison définitifs du recho mirak. Voir compte rendu de la réunion organisée en Haïti le 1er avril 2009.Réponse no. 2.- Les coordonnées en Haïti pour l'envoi de l'argent pour l'achat et la livraison du recho mirak.( en attente.) Vision Citadelle-Canada étant l'organisme responsable doit avoir les coordonnées complètes en Haïti de la Coopérative MIRAK y compris les modalités pour transférer les montants d'argent pour l'achat et la livraison du recho mirak.

Tous les commentaires et suggestions sont bien venus.

Le bois, ressource renouvelable - La conservation et l’efficacité énergétiques

Par Gérard Tassy, ing.
Société pour le Reboisement d’Haïti (SRH) (*)
28 mars 2009



Le bois est une ressource renouvelable. Par conséquent, le bois est une énergie renouvelable. De plus, en appliquant les mesures de la conservation et de l'efficacité énergétiques pour éliminer le gaspillage du bois, c’est possible de maintenir la couverture végétale d’Haïti à un niveau acceptable:
  1. Intensifier la plantation des arbres et prendre des mesures pour éviter le gaspillage de cette ressource renouvelable qui est une richesse pour Haïti. Entre autres, dans certaines régions, identifier et réserver les parcelles de terre pour développer des forêts énergétiques, en plantant des arbres appropriés à un marché pour la production du charbon de bois et du bois de feu.

    Actions à entreprendre: Faire un inventaire des projets existants et prendre des dispositions pour renforcer et pour développer ces projets.
  2. Produire en grande quantité le réchaud amélioré, appelé en Haïti recho mirak, qui utilise 40% moins de charbon de bois.

    Actions à entreprendre: Voir Recho Mirak, actions à entreprendre (cliquez sur le lien donné à la fin du texte.) (**)
  3. Recycler les déchets(carton, papier, etc...) dans la fabrication des briquettes et des buchettes de charbon pour le Recho Mirak, les boulangeries, les nettoyeurs et autres. Actuellement en Haïti, il y a une petite entreprise Biomasse-Haïti qui en fabrique.

    Actions à entreprendre: Renforcer et développer les réalisations de Biomasse-Haïti et autres réalisations existantes.
  4. Rénover et bien faire l’isolation des fours de combustion des boulangeries, des nettoyeurs et autres pour éviter des pertes de chaleur. En procédant de cette façon, c'est possible de diminuer la consommation du bois de feu de 50%.

    Actions à entreprendre: Par région ou bien par secteur, faire un inventaire des fours de combustions des boulangeries, des nettoyeurs et autres pour déterminer les besoins en rénovation et en isolation en vue de préparer un programme.
  5. Repenser la conception du vieux four de fabrication de charbon de bois pour diminuer le volume de bois utilisé pour faire du charbon de bois. Avec ce vieux four(utilisé depuis des siècles), il faut cinq mètres cubes de bois pour fabriquer un mètre cube de charbon de bois. Tout un gaspillage de bois! En repensant la conception de ce vieux four séculaire, c'est possible de diminuer le volume du bois nécessaire pour produire un mètre cube de charbon de bois.

    Actions à entreprendre: Contacter le Bureau des Mines et de l’Energie d’Haïti (BME) pour vérifier s’il existe des études faites à ce sujet. Aussi contacter autres sources...

  6. Autre source de gaspillage de bois, c'est l'usage du bois et du bambou dans les échafaudages et dans les étaiements dans la construction des maisons et autres. Remplacer le bois et le bambou par des échafaudages et des étaiements en fer ou en acier qui peuvent être utilisés plusieurs fois et qui vont durer très longtemps. En très petite quantité, certaines personnes et entreprises font usage des échafaudages et des étaiements en fer, mais le nombre est très peu.

    Actions à entreprendre: Prendre des mesures incitatives pour encourager les personnes et les entreprises à augmenter l’usage des échafaudages et des étaiements en fer ou bien en acier.
    Tant de choses simples, disponibles localement, à mettre en application, avant de penser à investir massivement dans d’autres sources d’énergies qu’il faut importer à des coûts évalués en devises: en millions de dollars $ US... Et, si depuis longtemps, on avait mis en application les 6 points ci-dessus, la forêt d'Haïti ne serait pas dégradée à un niveau inférieur à 2%...! A mon avis, le problème ce n'est pas le charbon de bois et le bois de feu, le problème c'est le gaspillage du charbon de bois, du bois de feu et du bois. En d'autres termes, c'est la mauvaise façon d'utiliser le bois qui a détruit la forêt d'Haïti...!

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(*)

SOCIÉTÉ POUR LE REBOISEMENT D’HAÏTI (SRH)
Organisme fondé en 1987
400 rue Saint-Charles Est, Longueuil Québec Canada J4H 1B4

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http://jfjpm-env.blogspot.com/2009/04/recho-mirak-actions-entreprendre.html

mardi 7 avril 2009

Pétion-ville, le big boum … «poum» !

Par Lionel Duvalsaint, ing.
Professeur, Faculté des Sciences, UEH
lion_duv2001@yahoo.com
Mai 2008, Le Nouvelliste
Avril 2009, Le Coin de Pierre - Environnement



Pétion-Ville a connu ces dernières années un essor considérable. Les expériences traumatisantes vécues au bas de la ville de Port-au-Prince peuvent expliquer, entre autres, cette forte migration. Des commerçants du secteur formel et informel s’entassent dans cet espace certainement non conçu pour les accueillir. Et dans cette aire où se développe ce « big boum », on commence déjà à respirer l’air d’un gros « poum », et pour causes.

Considérons d’abord les alentours de la ville. Les constructions (toutes dimensions confondues) érigées en ces lieux, de manière anarchique, l’ont systématiquement prise en otage. Elles défient souvent toutes les règles de l’urbanisme, de l’équilibre statique, de l’architecture et du génie civil. Situées généralement aux abords des voies d’eau : ravines et thalwegs, elles déversent tout naturellement leurs déchets dans ces coursiers. Les matières évacuées sont biodégradables (fèces, déchets alimentaires, haillons, etc.) ou non (bouteilles et sachets en plastic, produits métalliques, rejets provenant des garages, etc.).

Les premières, broyées par les galets lors des averses, s’infiltrent dans le sol et finissent par retrouver les nappes aquifères pour nous donner un fameux cocktail aux coliformes. La CAMEP peut nous en dire long des sources Cerisier- Plaisance qui alimentent le réservoir de Bourdon.
Les autres, charriées par les eaux furibondes, traversent les frontières de leur juridiction pour s’étaler sur la voie publique ou se retrouver dans les exutoires des ravines, rejoindre le littoral et …la haute mer.

Il est important de signaler ce torrent qui aboutit directement à Pétion-Ville via la Route de Kenskoff, en provenance du Morne Calvaire. Il reçoit dans son chenal des déchets humains et domestiques qui envahissent la ville, à l’aval, à la moindre averse. Ces produits souillés sont en partie responsables de certaines odeurs nauséabondes localisées et surtout des épidémies qui s’abattent sur cette localité, de manière saisonnière.

A l’entrée principale de la ville, dans les environs du Morne Lazare, un fort relent d’acétone n’étonne personne.

Les ravines aboutissant à Tête-de-l’Eau, dont les lits s’étirent vers l’amont sur plusieurs kilomètres, contribuent également aux dégagements d’odeurs désagréables dans la Cité de Pétion. Leur prolongement la traverse entièrement dans le sens Sud-Nord et constitue le lieu privilégié d’évacuation d’ordures de toutes sortes. Les flaques dont elles sont parsemées donnent lieu à de véritables bouillons de culture. De plus, elles peuvent, en cas de pluies exceptionnelles récurrentes, inonder la ville en empruntant tout naturellement la Rue Grégoire. La ville semble avoir déjà vécu cette situation dans le passé.

A l’intérieur du périmètre défini pour l’évolution de la ville elle-même, on observe depuis quelques années une occupation/modification fébrile de l’espace urbain (constructions nouvelles, petit commerce sur les trottoirs, remodelage). Pétion-Ville n’est plus résidentielle. Elle s’est vue transformée en un véritable centre commercial et les infrastructures mises en place depuis sa création sont devenues obsolètes, en particulier le système d’évacuation des eaux pluviales et domestiques.

Actuellement, des bâtisses conçues pour être des résidences unifamiliales sont remodelées pour être occupées par des bureaux, institutions bancaires ou commerciales, des restaurants, avec une plus forte sollicitation de leurs installations sanitaires. Les fosses septiques n’étant pas calibrées pour ces taux de fréquentation élevés, débordent et, bien sûr, dégagent des odeurs dans la ville.

La situation se retrouve aggravée par le fait que Pétion-Ville soit érigée sur un conglomérat, mélange géologique donnant lieu à un matériau compact de capacité filtrante très faible. Les lits filtrants et puisards éventuels mis en place en vue d’assurer l’épandage des eaux vannes et autres, arrivent bien vite à être saturés.

Quant aux constructions nouvelles, des édifices généralement à plusieurs étages, donc à fort taux d’occupation projeté, il ne semble pas évident que des dispositions soient prises en vue d’une évacuation rationnelle des eaux noires et grises puisque déjà des problèmes de cette nature se posent à certaines d’entre elles.

Une autre source évidente de dégagements d’odeurs désagréables est constituée par le Marché de Pétion-Ville (l’ancien) que la Mairie essaie de relocaliser de façon définitive. Toutes considérations étant mises à part en ce qui concerne les ordures générées et leurs incidences odoriférantes, il est à retenir que dans tout espace où de fortes concentrations humaines sont prévues, des installations sanitaires doivent être rendues disponibles afin de permettre à ces gens de satisfaire leurs besoins naturels. Autrement, les résultats peuvent être catastrophiques.

On ne doit pas oublier que les odeurs peuvent être des vecteurs de maladies. En effet, les molécules odorantes, transportées par l’air, atteignent la cavité pulmonaire et la muqueuse olfactive via le nez (voie nasale) ou la bouche (voie rétro nasale) et, après avoir traversé une couche de mucus, elles viennent se lier sur les neurones olfactifs. On conçoit aisément que lorsque ces molécules sont souillées, elles communiquent au corps qui les absorbe leurs particules pathogènes. De telles particules, responsables d’épidémies saisonnières, n’épargnent pas non plus les individus souffrant du syndrome de Kallmann résultant d’un défaut de développement embryonnaire du système olfactif et des neurones y relatifs.

Ainsi, des dispositions plus qu’urgentes doivent être prises afin de résoudre les problèmes de développement anarchique de la périphérie pétion-villoise. Elles font appel à une volonté politique affirmée qui déboucherait sur une planification ordonnée et intelligente du déplacement des familles occupant les espaces jadis réservés.

En ce qui concerne la ville, son système d’évacuation des eaux usées est à repenser en vue de l’adapter aux réalités du moment et aux projections ultérieures. Il sera conçu de façon à permettre aux différentes bâtisses de s’y brancher. Une station d’épuration recevra ces eaux souillées en vue de leur traitement avant toute évacuation finale via des champs d’épandage, les coursiers existants ou leur utilisation à d’autres fins, une fois traitées.

En attendant les schémas directeurs d’aménagement et le Code de Construction des Bâtiments en Haïti, la Mairie devra requérir, entre autres, pour toute nouvelle bâtisse ou tout réaménagement de locaux existants à des fins d’usage commercial, une appréciation d’impact environnemental. Ainsi, en plus de cadres pouvant se prononcer sur les aspects structurels et architecturaux de ces constructions, elle devra disposer de ressources humaines valables pouvant évaluer ces propositions et formuler, le cas échéant, des recommandations plus idoines.