samedi 13 juin 2009

Haïti / Environnement : comment prévenir le suicide collectif ?

Source: Le Matin, vendredi 12 juin 2009
Par Nancy Roc


On ne peut que se réjouir de la mobilisation récente de plusieurs organisations de la société civile contre les désastres naturels et pour la réhabilitation de l’environnement en Haïti. Même si cette mobilisation a pris beaucoup de temps pour se concrétiser, « il est trop tard pour être pessimiste » pour paraphraser Yann Arthur Bertrand dans son dernier film HOME.
J’ai lu avec intérêt et beaucoup d’attention le dernier document issu d’un atelier de travail réalisé à Port-au-Prince les 25 et 26 mai 2009 autour des problèmes écologiques en Haïti. Plus de 150 organisations ont pris part à cet atelier organisé par le Collectif national des organisations de la société civile pour la protection et la réhabilitation de l’environnement (Conaos/Environnement) et le Centre Pétion-Bolivar. (1)
Dans ce document, ces associations dressent un constat réaliste et sans complaisance de la réalité environnementale en Haïti. Cette analyse souligne judicieusement le lien inextricable entre la dégradation environnementale et l’augmentation de la pauvreté, sujet souvent oublié dans les reportages diffusés en Haïti autour des conséquences de la non-gestion environnementale. Cette catastrophe, comme je l’ai rappelé dans mon dernier article publié dans Le Matin, « Le bateau coule ! », le 5 juin écoulé, coûte annuellement, depuis 2001 au pays le plus pauvre du continent, près d’un milliard de dollars américains. Les Haïtiens aiment critiquer les ONG et la Communauté internationale, mais réalisent-ils la manne financière qui est gaspillée à cause de l’irresponsabilité de nos gouvernants face à la dégradation environnementale ? J’en doute fort. Mais les sommes d’argent utilisées dans ce domaine doivent être chiffrées et rendues publiques.
Dans le document intitulé « Appel à la mobilisation générale et totale contre les désastres et pour la protection de l’environnement », les 150 organisations susmentionnées insistent aussi sur un point crucial en avançant que : « l’assistanat international a montré ses limites. Il n’a fait que déstructurer encore plus les institutions du pays sans apporter de solutions réelles et durables.
Un tableau aussi sombre invite à la réflexion et à l’action. C’est pourquoi l’ensemble de la communauté haïtienne de toutes les catégories et conditions sociales, de toutes les générations, de tous les secteurs et de toutes les confessions religieuses, est invitée à prendre part à la mobilisation totale contre le désastre, pour la protection et la réhabilitation de l’environnement ». Face à un tel constat, ces organisations lancent un vibrant appel à tous les Haïtien(ne)s : « Cessons ensemble ce processus de suicide collectif dans lequel nous avons collectivement lancé notre pays ».
Processus de suicide collectif : les mots sont lâchés. Ils sont précédés d’un autre mot qui ne semble toutefois pas rimer avec les Haïtiens : ENSEMBLE. Car depuis 1804, qu’avons-nous fait ENSEMBLE, sinon nous diviser et nous autodétruire ? Rien, rien, absolument rien. Pire ! Lorsque certains Haïtiens souhaitent se rassembler autour d’une cause surtout quand elle est noble ! – ils se heurtent à quatre problèmes récurrents :
  • Le groupe initiateur tente de rassembler mais se retrouve avec quelques individus -souvent pas plus de cinqqui doivent tout faire et tout porter sur le dos. Les autres les attendent ou les regardent jusqu’à ce qu’ils échouent;
  • Le groupe initiateur est -sinon toujours du moins le plus souventinfiltré par des éléments nuisibles qui, pour conserver leurs intérêts personnels ou leur chasse gardée, déploient toutes les tactiques nécessaires pour boycotter ou écraser le mouvement ou ses heureuses initiatives. C’est la mentalité du « après moi (ou sans moi), c’est le chaos ! »;
  • Le groupe initiateur, avec toute sa bonne volonté, veut s’accaparer le leadership de son mouvement même lorsqu’il n’a ni l’expérience ni l’expertise nécessaire dans un domaine spécifique;
  • Le groupe initiateur, pour les raisons susmentionnées, se retrouvent à cours de ressources humaines et, subséquemment, privé de ressources financières pour mener à bien leur projet.
Cette triste réalité se retrouve tant en Haïti que dans sa diaspora. La vérité est que ce schéma est constamment, voire systématiquement, répété par nos compatriotes. Ce qui est manifestement en jeu au premier chef dans la notion d’ensemble, c’est la relation d’appartenance. Or portons-nous foncièrement en nous ce sentiment d’appartenance envers un pays que nous traitons comme une terre de transit ? Notre rapport à l’habitat n’est-il pas dès lors problématique ? L’irrespect envers notre environnement qui nous a plongés dans le processus de suicide collectif résulte du fait que nous n’avons pas assez d’amour pour notre pays. Et cette tendance ne va pas s’inverser facilement. La différence aujourd’hui est que tout le monde se sent en danger dans un environnement aussi précaire : ce n’est donc pas la relation de l’appartenance qui nous pousse à nous mobiliser mais la peur du danger qui nous guette collectivement. J’espère que ces 150 organisations se rendront compte de cette différence fondamentale qu’elles devront considérer dans toute action à long terme. En effet, toute relation de l’homme avec l’environnement est directement liée à son rapport à Oïkos (du grec, « maison »), son habitat, son lieu, mais plus encore cet ensemble de biens et d’hommes rattachés à un même lieu d’habitation.
Sans un changement radical de mentalité, je vois difficilement comment prévenir le suicide collectif.
Ne pas réinventer la roue
J’ai aussi noté que dans le document « Appel à la mobilisation générale et totale contre les désastres et pour la protection de l’environnement », ces 150 organisations font 7 exigences principales au Gouvernement:
  • Que les organes du gouvernement, en particulier les ministères de l’Environnement, de l’Agriculture et des Ressources naturelles, le ministère des Travaux publics commencent à travailler de façon concertée pour la protection et la réhabilitation de l’environnement, la réalisation d’un cadastre et la mise en œuvre du plan d’aménagement du territoire;
  • Que le gouvernement adopte, sans délai, une politique de substitution au bois et au charbon de bois en mettant les gaz de pétrole liquéfiés (propane et butane) et le kérosène à la disposition de toutes les familles selon un prix compétitif, et qu’il mette en œuvre le décret de 1987 sur le bois-énergie;
  • Que le gouvernement de la République garantisse l’alimentation en eau potable, en adoptant les mesures appropriées pour gérer durablement les ressources naturelles, les forêts réservées, les parcs nationaux et les zones sous protection, lesquels sont considérés comme les châteaux d’eau du pays. Les pouvoirs publics doivent alors passer des contrats de gestion de ces aires protégées avec les collectivités territoriales et les acteurs non-étatiques sous la supervision méthodique d’une autorité désignée, par voie d’appel d’offres administré dans la transparence.

Je tiens encore une fois à souligner, voire à rassurer ces organisations, que ce travail a déjà été effectué dans le cadre du « Programme national de réhabilitation de l’environnement » et publié par le ministère de l’Économie et des Finances en 2006. Ce programme a coûté la bagatelle de 148.616.600 USD et comporte le Programme de substitution au charbon de bois et au bois de feu (SCB) et le Programme national de reboisement (PNR) qui adressent toutes les exigences de ces organisations. Il ne s’agit donc pas de réinventer la roue mais de faire pression pour exiger la mise en œuvre de ce Programme national de réhabilitation de l’environnement. Il faut que ces organisations prennent connaissance de ce Programme et en fassent leur nouvelle Bible. Il doit être divulgué et diffusé partout dans les deux langues officielles du pays. Il ne doit pas rester, comme tant d’autres études, dans un tiroir mais appliqué dès maintenant ! Deux autres points importants sont exigés par ces organisations :

  • Porter le gouvernement à arrêter l’exploitation anarchique des carrières de sable qui peuvent produire des catastrophes plus grandes que toutes celles que nous avons connues;
  • Porter le gouvernement et les mairies à appliquer les lois et à arrêter les constructions anarchiques pour que nous n’ayons plus à pleurer la mort de nos enfants comme à Nérette.

La réalisation du premier demandera bien plus qu’un document mais un engagement continu, voire des manifestations publiques d’envergure. On doit s’attaquer là non seulement au laxisme gouvernemental mais aussi à la mafia environnementale. Et la première question à laquelle doit répondre le gouvernement est la suivante : pourquoi cette exploitation n’a-telle pas été arrêtée et pourquoi le décret présidentiel ordonnant cet arrêt n’a-t-il pas été signé depuis un an ?Quant au second point, je doute qu’il puisse être réalisé par un Gouvernement reconnu pour son anarcho-populisme.

Les deux derniers points sont les suivants :

  • Porter les autorités et tous les secteurs de la société civile à se lancer en permanence et avec persévérance dans une campagne massive de sensibilisation et d’éducation pour la protection et la réhabilitation de l’environnement dans tous ses aspects. Les résultats de cette campagne et le changement de comportement permettront d’épargner beaucoup de capitaux et de vies humaines;
  • Réduire la dépendance alimentaire et contrôler les risques de famine grandissants par la modernisation de l’agriculture, en la rendant plus productive et mieux respectueuse de l’environnement.

La concrétisation de ces points, et des autres par ailleurs, ne pourra se réaliser que si ces organisations proposent une stratégie de mise en œuvre. Il ne faut plus se contenter d’exiger, car les autorités feront, comme à l’accoutumée, la sourde oreille. Il faut s’armer des outils pour obtenir gain de cause. Aujourd’hui, on ne peut plus se contenter d’être écologiste en Haïti : il faut devenir un activiste environnemental. Or cela demande beaucoup plus que des exigences au gouvernement. Cela commence par chacun de nous, par chaque entreprise, par chaque lobbying, etc. Cela va très loin et demande un autre article. Mais, entre-temps, ces organisations devraient réfléchir sur la citation suivante de Kafka : «Mettez la compréhension active en lieu et place de l’irritation réactive et vous dominerez les choses ».

Bon courage à tous !

Montréal, le 8 juin 2009

//L'article ci-dessus provient du lien suivant:
http://www.lematinhaiti.com/Article.asp?ID=18936
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(1) Alterpresse, Haïti : appel à la mobilisation générale et totale contre les désastres et pour la protection de l’environnement, le 8 juin 2009.
L'article d'Alterpresse est aussi accessible par le lien ci-après:

mardi 9 juin 2009

Haiti : Appel à la mobilisation générale et totale contre les désastres et pour la protection de l’environnement

Source: AlterPresse, 8 juin 2009

Document issu d’un atelier de travail réalisé à Port-au-Prince les 25 et 26 mai 2009 autour des problèmes écologiques en Haïti. Plus de 150 organisations ont pris part à cet atelier organisé par le Collectif National des Organisations de la Société Civile pour la Protection et la Réhabilitation de l’Environnement (CONAOS/ENVIRONNEMENT) et le Centre Pétion-Bolivar.
Tous les ans, nous assistons passivement à des catastrophes, les unes plus dévastatrices que les autres. Ces dernières années des milliers de nos compatriotes ont été emportés par les eaux en furie. Le pays entier est en train de s’effondrer sur ses enfants.

Alors que tout nous indique que notre environnement, par notre faute à nous et celle d’un Etat irresponsable, est devenu une bombe à retardement, que faisons-nous, nous, citoyens et citoyennes, qui sommes encore rescapés des catastrophes ? Le vieux Commandant Cousteau parlait déjà il y a 25 ans du désastre écologique en Haiti comme un génocide à action retardée. Nous rendons-nous compte que ce génocide est en cours et accepterons-nous d’être les bourreaux de nous-mêmes ?

Si l’environnement est par définition le lieu où l’on vit, le développement est ce que l’on fait à l’intérieur de cet espace pour améliorer ses conditions d’existence. On peut comprendre aisément pourquoi la réalité écologique est plurisectorielle et multidimensionnelle. C’est pour cela que l’environnement est un domaine transversal. Il devient donc urgent que les politiques environnementales soient intégrées dans toutes les politiques sectorielles.

En Haiti, tous les problèmes de l’environnement rural et urbain sont urgents, essentiels et prioritaires. D’un coté, on constate la déforestation, l’érosion, l’appauvrissement des sols, la perte de biodiversité, le tarissement des sources, le régime torrentiel des rivières, les inondations répétées, l’envasement des canaux d’irrigation et de drainage, le blanchiment des coraux, la désertification et l’utilisation inconsidérée des ressources naturelles. De l’autre coté, on note la pauvreté de masse, l’émigration, la multiplication des bidonvilles, la mauvaise gestion des déchets, les décharges sauvages, l’absence d’’égouts sanitaires, la divagation des eaux usées, les nuisances sonores et la transformation de nos principales villes en d’infectes cloaques . Et comme il n’y a pas de cloisonnement entre le premier coté et l’autre, la société haïtienne dans son ensemble doit s’alarmer et comprendre qu’elle est devant une situation exceptionnelle et de gravité explosive qui exige des mesures urgentes, vigoureuses, de grandes amplitudes et un changement de comportement radical de la population face à l’environnement.

D’un côté comme de l’autre, il s’agit de problèmes complexes dont les causes s’interpénètrent et dont les solutions peuvent se retrouver sur des chemins contradictoires. Il convient donc de trouver un fil conducteur qui lie tous ces phénomènes, lesquels peuvent néanmoins avoir des causes spécifiques notamment en termes de gestion et de mauvaise gouvernance, expliquant ainsi la grande vulnérabilité de la population vis- à-vis des catastrophes naturelles et autres. On peut alors dire que l’accroissement progressif de la population a augmenté en proportion les besoins primaires en énergie, en nourriture et en logement. Pour satisfaire de tels besoins, en l’absence d’innovation technologique et en présence d’un Etat prédateur, les paysans rarement aidés par les élites ont eu recours, pendant deux siècles, à bien des palliatifs qui ont fini par montrer leurs limites.

Dit autrement, les paysans ont dû, après les élites qui ont exploité les bois précieux jusqu’à l’épuisement des réserves, exploiter abusivement les terres forestières pour la conquête de terres arables et l’utilisation à outrance de bois et de charbon de bois notamment comme source de matière première et d’énergie. Aujourd’hui, il n’y a plus de forêt ou presque, la production du charbon de bois s’élève à plus de 400 000 tonnes par an, les pertes de sol sont estimés annuellement à plus de 40 000 TM., plus d’une centaine d’espèces animales et végétales sont respectivement menacées d’extinction ; la dernière grande inondation en date a causé la mort de plus de 2 000 personnes et occasionné la perte d’environ un milliard de dollars tandis que l’envasement des canaux d’irrigation et de drainage fait perdre au pays plus de 100 millions de dollars par an. Il n’est donc pas surprenant que tout le monde soit pauvre sauf une petite minorité, et que le taux de chômage de la population active tourne autour de 70 % tandis que le nombre d’habitants vivant avec moins de deux dollars par jour représente 80 % d’une population totale évaluée, depuis plusieurs années, à huit millions d’âmes.

L’assistanat international a montré ses limites. Il n’a fait que destructurer encore plus les institutions du pays sans apporter de solutions réelles et durables.
Un tableau aussi sombre invite à la réflexion et à l’action. C’est pourquoi l’ensemble de la communauté haïtienne de toutes les catégories et conditions sociales, de toutes les générations, de tous les secteurs et de toutes les confessions religieuses, est invitée à prendre part à la mobilisation totale contre le désastre, pour la protection et la réhabilitation de l’environnement. Cessons ensemble ce processus de suicide collectif dans lequel nous avons collectivement lancé notre pays.

Etant donné qu’on ne peut ni faire pousser les arbres en un jour, ni augmenter le débit des rivières en une semaine, ni faire disparaître les bidonvilles en un mois et encore moins donner du travail à tous en une année, compte tenu du fait que les choses immatérielles ne demandent qu’à être bien gérées et qu’en définitive tout va dépendre de l’homme, agent et bénéficiaire du développement durable, il importe de se fixer des priorités simples et claires afin de diminuer la pression sur les ressources ligneuses, garantir les services environnementaux particulièrement la fourniture d’eau potable et relancer la production agricole pour éviter la famine généralisée.
Fort de cela, les citoyens et citoyennes du pays se mobiliseront à travers les Organisations de la Société Civile pour :
  1. Exiger que les organes du gouvernement, en particulier les ministères de l’environnement, de l’agriculture et des ressources naturelles, le ministère des travaux publiques commencent à travailler de façon concertée pour la protection et la réhabilitation de l’environnement, la réalisation d’un cadastre et la mise en œuvre du plan d’aménagement du territoire.
  2. Exiger que le Gouvernement adopte, sans délai, une politique de substitution au bois et au charbon de bois en mettant les gaz de pétrole liquéfiés (propane et butane) et le kérosène à la disposition de toutes les familles selon un prix compétitif, et mette en œuvre le décret de 1987 sur le bois-énergie.
  3. Porter le Gouvernement de la République à garantir l’alimentation en eau potable, en adoptant les mesures appropriées pour gérer durablement les ressources naturelles, les forêts réservées, les parcs nationaux et les zones sous protection, lesquelles sont considérées comme les châteaux d’eau du pays. Les pouvoirs publics doivent alors passer des contrats de gestion de ces aires protégées avec les collectivités territoriales et les acteurs non-étatiques sous la supervision méthodique d’une autorité désignée, par voie d’appel d’offres administré dans la transparence.
  4. Porter le gouvernement à arrêter l’exploitation anarchique des carrières de sable qui peuvent produire des catastrophes plus grandes que toutes celles que nous avons connues.
  5. Porter le gouvernement et les mairies à appliquer les lois et à arrêter les constructions anarchiques pour que nous n’ayons plus à pleurer la mort de nos enfants comme à Nérettes.
  6. Porter les autorités et tous les secteurs de la société civile à se lancer dans une permanente campagne massive et persévérante de sensibilisation et d’éducation pour la protection et la réhabilitation de l’environnement dans tous ses aspects. Les résultats de cette campagne et le changement de comportement permettront d’épargner beaucoup de capitaux et de vies humaines.
  7. Réduire la dépendance alimentaire et contrôler les risques de famine grandissants, il est indiqué d’initier la modernisation de l’agriculture de manière qu’elle soit plus productive et mieux respectueuse de l’environnement.

Si chaque haïtien, même le plus démuni , aspire à la possession individuelle d’une maison et rêve qu’elle soit coquette et bien tenue , nous devons prendre conscience que la terre de ce pays est notre maison à tous, que nous nous devons de la préserver avant toute autre chose nous, citoyens et citoyennes du pays. Elle est notre patrimoine à tous sans lequel nous ne saurions avoir de maison individuelle ou familiale. Nous devons nous unir pour lancer à travers le pays une mobilisation générale et totale à long terme afin de sauvegarder le patrimoine environnemental unique et commun à tous et d’installer le pays sur la voie du développement durable.
VIVE LA MOBILISATION GENERALE ET TOTALE CONTRE LES DESASTRES, POUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
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lundi 8 juin 2009

Le bateau coule !

Source: Le Matin, vendredi 5 juin 2009
Par Nancy Roc


La saison cyclonique vient de commencer. Elle pourrait être assez active et la formation des cyclones sur l’océan Atlantique devrait être supérieure par rapport à la moyenne des 50 ans (1951-2000) prise comme référence. C’est ce qu’ont annoncé deux membres de l’équipe de chercheurs en prévision cyclonique, Philip Klotzbach assisté par le réputé William Gray, du Département des Sciences de l’Atmosphère de l’Université du Colorado à Fort Collins, lorsqu’ils ont publié les premiers résultats de leurs prévisions pour la saison cyclonique 2009 sur l’ensemble du Bassin Atlantique.
Ces chercheurs prévoient 14 cyclones, 7 ouragans et 3 ouragans intenses. Haïti vient de connaître une saison de pluie déjà meurtrière et qui, une fois de plus, démontre tragiquement la vulnérabilité de notre environnement. Une douzaine de morts ont déjà été enregistrés et 1900 familles sont sinistrées. Les réfugiés environnementaux constituent un problème majeur auquel les autorités doivent trouver une solution. En témoigne la situation qui prévaut à l’entrée de la ville des Gonaïves ou encore à Passe Reine où les réfugiés environnementaux de 2008 croupissent encore sous des tentes déchirées, souvent sans eau potable. Face à la nouvelle saison cyclonique qui s’annonce, que peuvent-ils espérer des dirigeants du pays ? Resteront-ils définitivement dénués de tout recours ?
Une bombe à retardement
Suite au passage de la tempête Jeanne, International Crisis Group avait déjà prévenu que « le désastre écologique est une bombe à retardement qui doit être adressé pour prévenir une nouvelle instabilité ». Dans un récent rapport, daté du 28 avril écoulé, International Crisis Group précise que « les différents gouvernements qui se sont succédé ne se sont pas suffisamment impliqués pour résoudre la situation. En conséquence, en 2009, Haïti risque de faire face à un nouveau déclin économique et, possiblement, à une nouvelle déstabilisation politique aggravée par une crise financière internationale ». Pour ce groupe spécialisé dans la prévention des conflits, « même si cette problématique ne pourra être adressée que sur le long terme, des actions immédiates doivent être prises par le président René Préval et le Premier ministre, Mme Michèle Duvivier Pierre-Louis ». Ainsi, International Crisis Group fait les recommandations suivantes:
  • déclarer l’environnement comme priorité nationale et lier la réhabilitation environnementale et les mesures de prévention aux stratégies de développement économique telle que la stratégie de réduction de la pauvreté;
  • protéger les ressources forestières en encourageant des alternatives au charbon de bois, en taxant la vente et le transport du charbon et du bois et en investissant ces retours de taxes dans des programmes de réhabilitation environnementale;
  • investir davantage l’aide externe dans le développement rural pour ralentir l’exode vers les bidonvilles urbains, intensifier les projets de protection environnementale dans les bidonvilles tout en augmentant l’accès à l’eau potable et aux besoins sanitaires de base;
  • renforcer les institutions à mieux gérer l’environnement en établissant et en encourageant des structures de gouvernance locale en maintenant l’ordre communautaire et en appliquant la loi organique du ministère de l’Environnement; en éliminant les mesures ministérielles de recouvrement pour gérer les ressources naturelles et en assurant une meilleure coordination entre les ministères et la communauté internationale en créant un comité interministériel de l’environnement qui serait présidé par le Premier ministre.

International Crisis Group rappelle aussi les chiffres inquiétants liés aux désastres naturels de ces dernières années en Haïti. Entre 2001 et 2007, les catastrophes naturelles ont causé la mort de 18.441 personnes, en ont blessé 4.708 et créé 132.000 sansabri. Près de 6,4 millions d’Haïtiens sur 9,7 millions ont été affectés par ces désastres naturels et les dommages sont estimés à $ 4,6 milliards de dollars américains ! Les ouragans de 2008 ont tué 793 personnes, 310 ont disparu, 100.000 sans-abris et 112.000 maisons ont été endommagées ou détruites. Les dégâts sont estimés à $ 897 millions de dollars.

Rapports vs actions

Malgré tous les cris d’alarme lancés avant et après 1986, les autorités haïtiennes n’ont jamais mis en œuvre un projet de reboisement ni essayé de trouver une alternative au charbon de bois. Résultats : 70% des besoins énergétiques du pays dépendent encore du bois de feu et du charbon de bois, 30 millions d’arbres sont coupés annuellement, selon le bulletin du « Programme national de réhabilitation de l’environnement » publié par le ministère de l’Économie et des Finances en 2006.

Pour prévenir la catastrophe qui menace le pays et dont les signes avant-coureurs sont indéniables, le Programme de réhabilitation de l’environnement (Pre), d’un coût de 148, 616,600 USD, a été élaboré. Il s’étend sur une période de 5 ans et comporte deux volets complémentaires indissociables : le Programme de substitution au charbon de bois et au bois de feu (SCB) et le Programme national de reboisement (PNR). Le premier vise essentiellement à mettre à la disposition de 700.000 familles haïtiennes des énergies alternatives grâce notamment à la subvention des équipements de cuisson, la mise en place de micro centres de distribution de GPL sur l’ensemble du territoire national, la baisse du prix du GPL, le financement des équipements de cuisson pour 10.000 « machann manje kwit », la conversion des installations des boulangeries, distilleries et blanchisseries. Quant au PNR, il entend reboiser en cinq ans 5% du territoire national par la plantation de 140 millions d’arbres dans les zones montagneuses à fortes potentialités, bassins versants des principaux cours d’eaux du pays.

Selon le PNR, « la mise en œuvre d’un tel programme aura des incidences sur la balance des paiements, résultant notamment de l’augmentation progressive de l’importation de GPL (environ 554 millions USD sur 5 ans). Ce montant est toutefois nettement inférieur aux 1.6 milliards USD que coûte annuellement au pays la dégradation de son environnement et peut être compensé, à terme, par les revenus générés par le PNR. Les expériences antérieures, tant en matière d’énergie de substitution que de reboisement, d’aménagement de bassins versants et de conservation des sols en Haïti, indiquent que le PRE ne pourra atteindre ses objectifs que si le gouvernement et la société haïtienne s’engagent à en faire un programme d’État, non sujet aux aléas de la politique, s’il s’intègre dans un plan national de développement associé à un plan d’aménagement du territoire, et si un cadre institutionnel adéquat est mis en place ».

Cette étude date de novembre 2006 et hélas n’a pas reçu l’ombre d’une publicité ni d’un engagement de mise en œuvre par les organes de l’État. Elle vient donc s’ajouter à la multitude d’études effectuées à grand renfort de dollars ainsi qu’au Plan d’action pour l’environnement publié en 1999. Dix ans plus tard, ce plan d’action n’a toujours pas été mis en œuvre et la commission interministérielle sur l’environnement qui l’a créé n’existe plus. Haïti est un pays qui a fait l’objet de milliers d’études qui n’ont jamais eu de suite. Si tous ces financements étaient investis directement sur le terrain, le pays ne serait certainement pas dans cet état de délabrement total constituant un danger grandissant pour la population.

Combien de morts faudra-t-il enregistrer pour que nos politiciens se rendent compte que sans des actions urgentes en matière environnementale, Haïti ne fera que s’appauvrir ? Le bateau coule, Messieurs et Dames. Réveillez-vous !

Montréal, le 2 juin 2009.

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(1) International Crisis Group, Haiti: Saving the Environment, Preventing Instability and Conflict, Latin America/Caribbean Briefing N°20, 28 avril 2009.

(2) UTE – Programme National de Réhabilitation de l’Environnement, page 3
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http://www.lematinhaiti.com/Article.asp?ID=18829

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vendredi 5 juin 2009

PNUE/ 5 juin: Journée mondiale de l'environnement

Source: PNUE

La Journée mondiale de l'environnement, célébrée chaque année le 5 juin, nous concerne tous directement. C'est, pour les Nations Unies, l'un des principaux moyens pour susciter une plus grande prise de conscience envers l'environnement et promouvoir l'intérêt et l'action politique.


L'objectif est de :

  1. Donner un visage humain aux problèmes environnementaux;
  2. Amener les peuples à devenir les agents actifs du développement durable et équitable;
  3. Promouvoir la compréhension du fait que les communautés sont incontournables dans les changements d'attitudes en ce qui concerne les problèmes environnementaux;
  4. Défendre le partenariat qui assurera à toutes les nations et les peuples d'apprécier un futur plus sûr et plus prospère.

Le thème de la JME 2009 est "Votre planète a besoin de vous -UNis contre LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ". Il reflète l'urgence pour les nations de s'entendre sur un nouvel accord à la réunion de Copenhague sur la convention sur les changements climatiques 180 jours plus tard, ainsi que les liens avec la lutte contre la pauvreté et l'amélioration de la gestion des forêts.

Cliquez sur le lien suivant pour en savoir davantage:

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http://www.unep.org/wed/2009/French/
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