dimanche 1 août 2010

Un suivi interactif des déversements de pétrole dans le Golfe du Mexique

Amies et amis internautes,

Voici un lien vers le Journal The New York Times qui vous permettra de voir en images (cartes) l'évolution de ce triste accident:

Tracking the Oil Spill in the Gulf/ nytimes.com.

Après avoir cliqué sur ce lien et accédé au site du NY Times, vous pourrez cliquer sur «play», entre autres actions. Bonne visites

jeudi 22 avril 2010

Vingt-deux avril: Jour de la Terre

Amies et amis internautes,

Pour lire une courte histoire du jour de la terre, cliquez sur le lien suivant:

En Français/ Wikipedia: Jour de la Terre.

Ne manquez pas non plus l'occasion de visiter le site suivant:
En Anglais/ Wikipedia: Earth Day.

mercredi 7 avril 2010

Rapport USAID 2006: Vulnérabilité Environnementale en Haïti

Amies et amis internautes,

Il s'agit d'un travail très intéressant qui contient de précieuses informations sur Haïti.

Il date de décembre 2006. Il me fait penser au livre de Jared Diamond.

Voici le lien qui vous permettra de le consulter/télécharger:

USAID/Vulnérabilité Environnementale en Haïti: Conclusions & recommandations

dimanche 4 avril 2010

Un mathématicien dénonce le «carbocentrisme»

Par Marc Mennessier
Source: lefigaro.fr, 02/04/2010

Benoît Rittaud met en garde contre l'émergence de la «climatomancie», «ce nouvel art divinatoire qui vise à déduire du comportement humain l'avenir climatique de la Terre dans l'idée de prescrire à chacun des actes de pénitence (quotas, taxe carbone…)».

Pendant longtemps, Benoît Rittaud a pensé, à l'instar de beaucoup de gens, que le réchauffement climatique était dû aux émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, comme le gaz carbonique (ou CO2). Jusqu'au jour où il entreprend de se plonger dans la littérature scientifique sur laquelle s'appuie cette théorie «carbocentriste» majoritairement approuvée par la communauté scientifique. Et là, ce jeune mathématicien, maître de conférences à l'université Paris-XIII, tombe des nues : «J'ai vite compris qu'il y avait anguille sous roche : trop d'affirmations et de certitudes, mélange entre science et morale, agressivité inouïe envers les contradicteurs. Tout cela m'a fait rapidement douter», confie-t-il au Figaro. Au point qu'il décide d'y consacrer un livre, Le Mythe climatique *, dans lequel il débusque les «erreurs» du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Et surtout sa difficulté à les reconnaître…

«Les carbocentristes n'arrêtent pas de dire qu'ils ont des tas d'arguments à faire valoir. Mais à chaque fois qu'on leur démontre qu'ils se trompent, parfois sur des points cruciaux, ils les minimisent au lieu de s'interroger et d'en tirer toutes les conséquences», explique-t-il.

C'est notamment le cas avec la fameuse courbe de Mann «en crosse de hockey» censée démontrer que la température globale a anormalement augmenté au cours des cinquante dernières années. Et qui a subrepticement disparu du dernier rapport du Giec… Autre exemple fameux : les carottes de glace en Antarctique. Selon l'auteur, leur étude montre que si un lien de causalité existe entre température et gaz carbonique, alors c'est la température qui est la cause de la hausse du CO2 et non la conséquence. Soit l'inverse de ce qu'affirment les carbocentristes !

Terminologie «trompeuse»

Mais ce n'est pas tout. Lorsque ces derniers affirment qu'il y a au moins 90 % de chances pour que l'homme soit à l'origine de dérèglements du climat, Benoît Rittaud leur reproche d'utiliser une terminologie «très trompeuse» en laissant croire qu'ils ont fait un calcul de probabilités, alors qu'il n'en est rien. «C'est juste l'expression d'un avis général qui ne repose sur aucun fondement mathématique», assène-t-il en qualifiant le Giec «d'ovni scientifique». On n'a jamais vu, dans l'histoire des sciences une entité politico-scientifique aussi influente. À chaque fois que l'on mélange la politique, qui est censée promouvoir le «bien», avec la science, qui est là pour rechercher le «vrai», on aboutit à des impasses.

Passionné d'épistémiologie, l'auteur met en garde contre l'émergence de la «climatomancie», «ce nouvel art divinatoire qui vise à déduire du comportement humain l'avenir climatique de la Terre dans l'idée de prescrire à chacun des actes de pénitence (quotas, taxe carbone…)». À ne pas confondre toutefois avec le carbocentrisme. Si ce dernier est une science fausse, une théorie erronée dont l'auteur voit dans la crise actuelle les prémices de l'effondrement, la première est une fausse science qui est à la climatologie ce que l'astrologie est à l'astronomie. À savoir une démarche consistant à instrumentaliser un objet scientifique (le climat, le ciel…) pour dire des choses sur nous-mêmes et prédire notre avenir individuel ou collectif. Le tout avec le renfort de l'ordinateur, grâce auquel «les rêveries les plus folles disposent désormais d'un immense terrain de jeu». À lire absolument.
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* «Le Mythe climatique», Seuil, 2010.

mercredi 24 mars 2010

Projet de reboisement d’Haïti

Par Michel William, agronome
Sources: DEBANASYONAL et l'auteur, Lun 22 mars 2010, 11 h 02 min 31 s


A date les projets de reboisement n’ont pas réussi parce que le paysan n’a pas de terre à reboiser.

Le peu de terre disponible qui existe est réservé à la culture sarclée appelée culture vivrière et à l’élevage libre. Un arbre adulte couvre une superficie de 78,50 m^2 selon la formule S=3,14 X r^2 dans laquelle le rayon est égal à 5 mètres. Dans cet espace qui ne reçoit aucune lumière solaire rien ne pousse. 1/8 d’un ha ou 1250 m^2 est la superficie moyenne travaillée par un paysan en montagne humide et en terrain irrigué pour conduire son jardin vivrier. Lorsqu’un arbre adulte couvre à lui seul une superficie de 78 m^2, seize arbres couvrent tout l’espace du jardin vivrier du paysan. Dans ces conditions demander à un paysan de reboiser son lopin de terre c’est lui demander de se suicider indirectement car il ne pourra pas cultiver ses vivres alimentaires. C’est dans ces conditions que les ONG internationales généralement investissent sous forme d’apparence les 25 % des fonds qu’elles reçoivent pour les projets de reboisement.
Haïti est un pays montagneux à 75%. La vocation de terres montagneuses à pente abrupte devrait être une agriculture faite d’arbres fruitiers et forestiers à des fins industrielles dans un cadre de développement durable. Mais le paysan qui habite ces terres et qui est victime de la loi successorale, est inconnu de l’état. Il exerce une pression démographique très forte sur la terre pratique la culture sarclée pour vivre comme au temps de la colonisation. Reboiser un terrain implique d’abord le coût de conservation de ce terrain, le coût de la plantule, le cout d’entretien de la plantule et le calcul de la rentabilité de cette plantule qui devra fournir définitivement, et dix fois plus, le revenu du jardin vivrier.

Poser le problème du reboisement du pays revient ipso facto à poser le problème de l’exploitant agricole qui devra vivre de ce projet de reboisement. Plus les services de l’état sont disponibles dans une section communale moins chère est la vie et plus faisable est un projet de reboisement. Inversement plus l’état est absent dans une section communale, plus les services sociaux manquent, plus chère est la vie, plus impossible est un projet de reboisement.

Cout d’un projet de reboisement

Il n’existe pas à proprement parler un coût technique de reboisement du pays. Haïti étant un pays montagneux, le reboisement du pays en lui-même est un projet de société qui vise le remplacement progressif de l’agriculture sarclée par une agriculture arborée, pérenne, capable de fournir au paysan haïtien dans un intervalle de dix à cinquante années le revenu qu’il gagnait de l’agriculture sarclée. Haïti dispose de 30 bassins versants totalisant 2.177.000 has. Tous nécessitent une intervention urgente de l’Etat haïtien en terme de protection et de conservation.

Au coût de $ US 1000 .00 l’ha, le traitement de ces 2.177.000 has de terre s’élèverait à 2 milliards 177 millions dollars américains. Si l’on considère qu’un arbre fruitier devient économiquement productif après sept années et qu’une essence forestière l’est après un minimum de vingt ans et que pendant cet intervalle il faut pourvoir permettre au petit exploitant de gagner sa vie en faisant simultanément la culture vivrière sarclée en couloir sur le même lopin de terre, la première action durable capable de soutenir un projet de reboisement est de trouver au cout actuel de la vie, une quantité de surface reboisée en arbres fruitiers ou en espèces forestières qu’un paysan devra travailler pour vivre économiquement de sa nouvelle exploitation. Par exemple, dans le cas de la mangue francisque qui permet 70 pieds à l’ha et en moyenne 60 douzaines de fruits par pied à raison de 25 gourdes la douzaine, un ha en production donne après 5 á 7 années un revenu de 105.000 gdes l’an ou 2.625 $ US ou $ 218,75 par mois. Au cout élevé de l’éducation, des soins de santé, de l’eau potable, du loyer, de l’alimentation, du transport et de téléphonie mobile et de la justice un revenu au rabais de 500 dollars américains par mois est le minimum nécessaire pour mener une vie pauvre acceptable.

Sur la base de ce calcul, il faut déduire qu’un minimum de deux (2) has en montagne par paysan est la superficie économiquement exploitable en arbres fruitiers vers laquelle doit tendre tout projet de société qui est nécessairement lié à un projet de reforme agraire. Notons que toutes les terres ne conviennent pas à la culture du manguier et que d’autre recherche devrait pouvoir orienter les hommes politiques et les agroindustriels sur le choix des plantules.

Actuellement la quantité de terre exploitée par un paysan avoisine le 1/4 d’ha en montagne humide, 1/8 ha en terrain irrigué, un ha en milieu semi-aride. Pour avoir 2 has par personne il faut exproprier par ha sept personnes en milieu montagneux et humide et 14 personnes par exploitation. Où va-t-on mettre ces quatorze personnes expropriées sur chaque exploitation reformée ? La question de création de travail se pose pour ces dépossédés de la terre. Un projet de décentralisation et de valorisation des ressources humaines et physiques de la section communale serait un corollaire obligé de reboisement dans chaque section communale ?

Qui dit réforme agraire dit projet de société. Un projet de reboisement est un projet de société et de réforme agraire dans lequel le politique entre pour apporter les services de base nécessaire au maintien de la vie et á la production.

Il faudra calculer le cout de cette réforme agraire et les conditions de sa faisabilité. Haïti peut-elle réaliser actuellement un projet de réforme agraire ? Réponse formelle non sous le gouvernement de Bellerive et de Preval.
Lorsque cette réforme agraire aura été rendue possible avec toutes les autres mesures d’accompagnement, on pourra calculer :

  • Le coût de conservation à l’ha
  • Le coût de production des plantules à reboiser
  • Le coût d’entretien des plantules
  • Le coût de l’agriculture sarclée chaque année pendant les sept premières années avant qu’un arbre fruitier entre en production
  • Le crédit rural nécessaire



Le coût d’un tel programme prend en compte seulement l’aspect sécurité alimentaire du petit producteur. Il n’y a pas que l’aspect sécurité alimentaire directe qui pousse le petit paysan à déboiser la terre, il y a aussi le coût de l’éducation de ses enfants, celui de sa santé, ses besoins de justice, celui de sa maison, ses besoins culturels, Si le gouvernement à travers l’administration décentralisée et déconcentrée de la section communale arrive à fournir les services essentiels qui font diminuer le coût de la vie et la pression sur la terre dans la section communale, il y a de fortes chances qu’un programme de plantation systématique d’arbres pour changer l’économie paysanne réussisse moyennant l’existence d’une loi cadre avec ses services de police nationale, de police environnementale, de tribunaux et de prison pour obliger les contrevenants à respecter les prescrits de l’Etat en matière d’exploitation économique des mornes.

A présent on ne peut pas parler de coût de reboisement du pays sans une réforme en profondeur de l’Etat. Ce dernier devra constituer un programme de politique générale avec le reboisement comme priorité. Aujourd’hui le budget de la République approche les 79 milliards de gourdes qui ne couvrent pas les sections communales. Il faut la présence de l’État dans son pouvoir régalien pour reboiser les sections communales vidées de tout. .Comme celles-ci ne peuvent pas être reboisées en même temps, il va falloir diviser le pays en zones de priorité de reboisement sur la base des ressources naturelles exploitables capables de créer du travail, d’alléger la pression sur la terre, de ramener la superficie exploitable de culture arborée à une quantité d’has capables de couvrir respectivement les besoins socio-économiques du producteur en zones humides et en zones semi-arides.

Prérequis

La solution des problèmes des bassins versants ou de reboisement approprié des montagnes réside dans la participation réelle et effective de la population, qui par son effort apportera 60 à 70 % du coût effectif d’un projet de reboisement. La participation est liée au leadership local. Un tel projet ne peut pas se faire sans la présence manifeste de l’Etat à travers ses administrations décentralisées et déconcentrées dans chaque section communale du pays. Il faut que les autorités locales casec, maires, députés, assemblées communales etc soient élues démocratiquement, que le pouvoir décentralisé ait son propre budget et sa propre administration. Il faut que le pouvoir déconcentré des ministères se retrouve au niveau de la collectivité et encadre le pouvoir décentralisé dans le plan d’aménagement du territoire de la section communale. A l’intérieur du plan d’aménagement sera étudié le programme de conservation et de reboisement de la section communale obligatoirement lié á un projet économique bancable et à un sous projet de tenure foncière qui fait de l’Etat le propriétaire légal de la terre et de l’exploitant le propriétaire permanent conditionnel. La notion de propriétaire conditionnel permanent implique la notion de la force publique prête á être mobilisée par le pouvoir décentralisé pour faire respecter les droits et les devoirs de l’exploitant vis-à-vis du patrimoine national.

A date, il n’y a jamais eu en Haïti de projets économiques de reboisement. Il n’y a que des projets humanitaires de reboisement qui ont facilité l’amélioration des conditions de vie des propriétaires d’ONGs et des cadres supérieurs de l’administration déconcentrée de l’état. Ces types de projet de reboisement ont engendré le chômage, le déboisement, la détérioration des conditions de l’environnement et créé chez le paysan un sentiment d’arrogance et de méfiance.

Le reboisement doit être un projet politique de société de proximité dont la responsabilité première incombe aux leaders locaux élus à la suite d’élections libres et démocratiques à partir du fonctionnement local de partis politiques ayant préparé depuis longtemps l’éducation civique de la population. Les élus locaux sortis de nos jours des urnes à partir d’élections sélection nomination et avec des taux d’abstention de 92 à 95% ne peuvent pas gérer un projet de reboisement. Ils n’ont pas de légitimité. Le président Préval et la communauté internationale ne l’entendent pas de cette oreille en organisant après 1990 seulement des élections mascarades.

La génération actuelle de jeunes et d’adultes qui peuplent les bassins versants ne peut pas non plus répondre de cette participation, parce qu’il n’existe pas de référence ou de modèle de projet de bassins versants reboisés qu’on peut lui montrer pour l’entrainer dans ce vaste effort collectif de mouvement citoyen de conservation et de reboisement du pays.

Pour avoir cette participation il faut dès maintenant envisager les étapes suivantes :

  • Organiser de bonnes élections au suffrage universel pour tous les élus locaux
  • Étudier un projet de reforme agraire
  • Promulguer une autre loi sur les ONG
  • Préparer la nouvelle génération d’haïtiens
  • Concevoir avec les Ministères de l’Environnement, de l’Agriculture, de l’Education nationale, du Commerce, de la Justice de l’Industrie et avec un éditeur de renommée en Haïti un manuel d’instruction civique sur les bassins versants qui intègre le reboisement et la survie environnementale du pays dans le curriculum des écoles primaires, des écoles secondaires comme matière obligatoire à l’instar des mathématiques et du français dans les examens officiels.
  • Retourner avec les fermes agricoles d’antan dans les écoles des sections communales
  • Bâtir des modèles d’interventions réussies dans les Bassins versants.
    Au lieu de concevoir des projets politiquement corrects ,(projet de reboisement de la rivière La Quinte de 695.000 has qui n’aboutissent même pas à un seul hectare protégé ) il faut sélectionner deux ou trois transecs de 1/1000, de 1/500 de la superficie du grand bassin versant pour bâtir des modèles cohérents de développement des personnes et de reboisement où les services essentiels de base sont apportés par l’Etat et les services économiques propres à la production, dont la banque de crédit rural, sont apportés par le secteur privé pour valoriser les parcelles de terrain mises en défense et reboisées.
  • Rétablir l’Etat fonctionnel dans la section communale
  • Venir avec un projet de crédit rural
  • Procéder par étape. Une section communale fait 5000 has. Si on prend un transect 500 has de bassins versants par section communale. Pour les 565 sections communales il faut prévoir une superficie de 282.500 has ou le dixième de celle des 30 bassins versants. Je suggère qu’on commence avec 28.250 has chaque année. Dans dix ans on aura reboisé 282.500 has. Lorsque ces ilots de référence après dix ans de développement auront prouvé leur raison d’être économique et protectionniste, il sera possible pour l’état décentralisé déjà implanté dans la section communale de venir avec un programme national de reforestation orienté vers l’agro industrie. Si après dix ans, le nouvel état environnemental et économique des sections communales se révèle convaincant, crédible, rentable, juste et impartial, l’apport des paysans aidant on pourra passer à six cent mille has pour les prochaines dix années et dans cinquante ans le pays aura retrouve la verdure et l’or vert qui l’avaient fait mériter le nom de « Perle des Antilles ».

vendredi 22 janvier 2010

Analyse - Haïti: la viabilité passe par le reboisement

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Les quatre tornades et cyclones qui ont frappé Haïti à la fin de l’été 2008 ont transporté aux Gonaïves 2,6 millions de tonnes de boues.
Photo: AFP
***
Par Louis-Gilles Francoeur


Le drame qui plonge présentement Haïti dans la désespérance résulte d'une catastrophe écologique multiforme causée par le déboisement intensif amorcé par les premiers exploitants coloniaux et consommée à cause de la pauvreté endémique qui résulte en bonne partie de l'épuisement et de l'atrophie des anciens écosystèmes.

S'il y a tellement de gens massés dans Port-au-Prince et ces bidonvilles qui leur sont tombés sur la tête, c'est que la population a massivement quitté des campagnes et des régions forestières qui ne peuvent plus leur fournir nourriture, vêtements et gîte sécuritaire.

Les forêts d'Haïti couvraient autrefois 80 % de l'île. Il en reste aujourd'hui entre 1 % et 2 %. Leur disparition s'est accélérée récemment, car ces forêts couvraient encore 20 % du territoire haïtien en 1960.

La pauvreté endémique a fait le reste. Aujourd'hui, faute de revenus suffisants pour s'acheter du gaz ou de l'électricité pour la cuisson et l'éclairage, les Haïtiens utilisent le charbon de bois pour 72 % de leurs besoins en énergie. On obtient ce charbon en coupant ce qui reste de forêts et en préparant ce combustible en le carbonisant dans un four pauvre en oxygène, ce qui l'assèche et concentre son carbone pour une combustion ultérieure. L'absence d'une politique de conservation et d'un programme de déploiement de solutions plus écologiques explique que rien ne freine cette dévastation.

Lors de la conférence de Montréal sur les changements climatiques en 2005, j'ai eu la possibilité d'interviewer l'ex-président Aristide. Je n'ai jamais publié cette entrevue, car j'ai craint qu'on pense que j'aie voulu me moquer de lui, ou ridiculiser à travers lui un État qui n'en portait souvent que le nom. À la question de savoir pourquoi l'aide internationale fournie à ce pays ne s'était pas encore soldé par la mise en place d'un important programme de reboisement, le président haïtien d'alors m'avait répondu cette ineptie monumentale: on le fera, m'avait-il dit en substance, mais après avoir enseigné aux gens comment épeler le mot «arbre» parce qu'il est fondamental, disait-il, de pouvoir saisir ce mot et le concept pour agir efficacement sur le terrain.

La réalité est tout autre, car partout sur la planète où on tente d'enrayer la déforestation, en Chine comme au Sahel, la sagesse populaire saisit immédiatement l'importance et l'intérêt de reboiser quand on lui donne les moyens de le faire.

La région des Gonaïves, par exemple, ressemble en plusieurs endroits à un désert lunaire, illustrant la désertification extrême qui menace d'autres régions agricoles du pays en raison de l'érosion sans frein qui réduit la productivité des champs en les privant à chaque tornade de milliers de tonnes de matières organiques.

On a évalué que les quatre tornades et cyclones qui ont frappé Haïti à la fin de l'été 2008 ont transporté aux Gonaïves 2,6 millions de tonnes de boues, de la terre qui fera défaut aux sols agricoles en amont. Et la compaction qui résulte de l'assèchement des nappes souterraines en raison de l'absence d'arbres aurait réduit à 10 % la capacité de ces sols à stocker l'eau qui tombe du ciel.

Les photos satellites montrent aujourd'hui l'énorme différence entre les sols dénudés d'Haïti et ceux de la République dominicaine d'à côté, où 30 % des forêts sont encore debout, et même des forêts primaires (c'est-à-dire qui n'ont jamais été coupées). Ces forêts fournissent aux Dominicains d'importantes réserves d'eaux souterraines, de plus en plus rares en Haïti; un climat moins sec et meilleur pour l'agriculture, sans compter que ces forêts, riches en végétaux divers et animaux, sont des sources importantes d'aliments, de médicaments et même de bases génétiques variées pour le renouvellement et le maintien de la résistance des semences agricoles.

Le drame écologique qui paralyse le développement de cette île est aussi lié aux changements climatiques. Le réchauffement du climat n'est pas sans rapport avec l'augmentation de la fréquence des ouragans: après celui qui a dévasté les Gonaïves en 2004, y faisant 1600 morts, quatre autres tornades et cyclones ont frappé Haïti en 2008, avec leur cortège d'inondations aggravées par le déboisement, qui a aussi accéléré le ruissellement violent des pluies torrentielles.

On est loin de l'île luxuriante d'Hispaniola découverte par Christophe Colomb, qui abritait cocotiers, manguiers, papayers, acajous, flamboyants et tamariniers. Les planteurs qui ont développé dès le XVIIIe siècle la production d'épices, de café et d'indigo ont certes jeté par terre beaucoup de forêts au profit de leurs champs et plantations. Et les sociétés étatsuniennes ont accentué la déforestation pendant la Seconde Guerre mondiale au profit des plantations d'hévéas et de sisals pour les besoins de l'économie de guerre, un mouvement de déforestation que les Duvalier ont accentué pour leur profit personnel et en laissant la pauvreté endémique faire le reste. Il ne faut donc pas blâmer les pauvres d'Haïti pour ce déboisement, dont les racines plongent profondément dans le tissu de leur histoire.

Mais à court terme, et à très court terme, il faudrait que le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) mette en place en Haïti, pays de soleil par excellence, un programme de fours à cuisson solaire, comme celui mis en place avec succès au Chili, pour enrayer précisément le déboisement des régions montagneuses. Le programme de reforestation entériné par la toute récente conférence de Copenhague pour créer des crédits avec le stockage du carbone dans de nouvelles forêts devrait s'appliquer en priorité à Haïti pour y créer de l'emploi dans les serres, dans des pépinières et dans les régions où on réimplanterait en priorité les espèces végétales autochtones.

Certes, il faut reconstruire les villes haïtiennes, mais un volet majeur de la pauvreté serait réglé si, à long terme, l'augmentation de la population était absorbée par des campagnes reverdies et des écosystèmes forestiers à nouveau productifs. Un «plan Marshall» à la gloire du béton ne serait décidément pas très viable.